Rives
Nous ne savions pas où ça allait. Personne n’avait jamais poussé jusque là, jusqu’au bout de la rue, pour essayer d’apercevoir ce qui de l’autre côté sans doute existait, devait exister (à quoi aurait servi, sinon, le pont — on ne pouvait croire qu’il cessait là, au beau milieu du fleuve, inachevé, vaguement suspendu au-dessus de l’eau grasse et noire qui coulait vers l’océan que l’on imaginait pas tellement loin que ça puisqu’il nous arrivait de sentir sur nos visages quelque chose de marin, une sorte de liberté). Parfois, lorsque le soir n’en finissait plus de tomber, lorsque nous avions épuisé toutes nos conversations, il arrivait que l’on se dise que tout de même, un jour, il faudrait quand même y aller, y aller voir, mais cela jamais ne durait puisque faire cela n’aurait servi, en fait, qu’à nous prouver qu’il y avait autre chose ailleurs et ça, nous ne le voulions pas — prendre le risque d’une autre vie, prendre ce risque là, savoir enfin que des possibles nous attendaient, nous ne le pouvions pas.
Texte écrit par Daniel Bourrion, qui invite sur son site le texte Tunnel dans le cadre du projet de vases communicants: “le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.’’
5 Commentaires
[…] Ce billet était mentionné sur Twitter par KMS, brigitte celerier. brigitte celerier a dit: écritures urbaines – rives http://www.urbain-trop-urbain.fr/rives/ #vasescommunicants […]
[…] Daniel Bourrion et Urbain trop urbain […]
Réserverait bien un tour de « Vases communicants » entre « Urbain » et http://www.tierslivre.net, possible me mettre sur la liste d’attente ?!
Bonjour François. Ce serait avec un réel plaisir. Nous sommes le mois prochain en compagnie d’Anne. Mais nous t’inscrivons sur nos tablettes pour le vase de février. Est-ce que ça t’irait où faut-il nous caler quelque chose d’ultérieur?
Matthieu
retenu pour février, on va prendre patience ! et vais pas reprocher à un site sur la ville d’aller voir du côté de l’auteur de « Franck » !