Longtang memory
Au début du XXe siècle, Shanghai avait un immense appétit de forces de travail, ce qui a immanquablement posé la « question du logement ». Shanghai avait de nombreux bidonvilles, jusqu’à la guerre. Souvent des cabanes précaires; parfois même, la coque retournée sur quatre piquets du bateau qui avait conduit le paysan pauvre à la ville industrieuse. Il y eut les dortoirs, ceux de Zhabei notamment. D’un genre particulier, teintées de progressisme social et patronal, les cités ouvrières avaient pour leur part été bâties par les entreprises pour y loger leurs employés. La cité est composée de lotissements de maisons rectangulaires d’un ou deux étages. Elles sont alignées en lanière sur des allées perpendiculaires à la rue, d’où leur nom, les « longtang fangzi ». La sous-location, puis la sous-location au second degré y deviennent rapidement monnaie courante. De sorte que ces maisons sont surpeuplées et qu’on y recloisonne dans tous les sens, en verticale comme en horizontale. La cuisine se fait au charbon, la lessive dans des lavabos extérieurs, sur une planche de bois.
Dans le roman intitulé «La cité de la poussière rouge», Qiu Xiaolong prétend retrouver, à travers une succession de nouvelles dans le temps, l’esprit du longtang.
«La vie de la cité est vraiment très riche d’activité et d’échanges. Nous faisons partie d’elle et elle fait partie de nous. Par la porte noire ouverte, vous voyez l’entrée du rez-de-chaussée, transformé depuis longtemps en cuisine collective, où vous trouvez les poêles d’une dizaine de famille ou plus, des ustensiles de cuisines, des briquettes de charbon, et de tout petits placards aux murs. On se serre, mais ce n’est pas nécessairement un mal. En faisant la cuisine ici, vous pourrez apprendre toutes les recettes provinciales de nos voisins. (…) Certains disent que les shanghaiens sont des combinards nés, c’est faux, mais il sont sans doute formés par le fait d’avoir toujours vécu dans une société en miniature où ils apprennent sans cesse à gérer les relations entre voisins.»
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[…] Ce billet était mentionné sur Twitter par Francesco Cingolani, URBAIN trop URBAIN. URBAIN trop URBAIN a dit: Longtang memory — article Urbain, trop urbain http://ow.ly/1AShO #Shanghai […]