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mars 2012

L’omphalos, le lieu d’origine et l’axe du monde: voici le complexe de l’Occident qui a «rayé de la carte» des civilisations entières au profit de sa conquête d’espace. On peut cependant débusquer dans l’histoire des cartes et des explorations, ainsi que de leurs récits les détours et cheminements qui contredisent cette hégémonie de l’Occident. C’est la possibilité de cette faille peut-être narcissique qu’on nomme le «monde plausible».

On use et abuse à tort de la célèbre phrase de Charles Jenks dans “The Language of Post-Modern Architecture” à propos de la démolition de Pruitt–Igoe, le 16 mars 1972 à 15h: «le jour où l’architecture moderne est morte». Il faudra s’interroger un jour sur la façon dont la spectaculaire destruction de ces barres à Saint-Louis sert d’arrière-fond, ici comme ailleurs, aux sanctions de la politique du logement énoncées dans le cadre de la rénovation urbaine.

Le Shanghai Nø City Guide sorti au mois de février recèle une contribution d’Omer Pesquer qui déborde la clôture du livre, fût-il numérique, pour s’exprimer pleinement sur le Web. «Shanghai en folie» est un magnifique témoignage du renouvellement de nos écritures urbaines, par jeu et essaimage.

L’urbain excède la forme prévisible du rapport à la ville et joue pour nous d’autres relations où l’indifférencié voisine avec la singularité. La contemporanéité de telles relations tend à nous faire définir à nouveau frais notre espace de représentation, et elle dit assez, pour moi et bien d’autres, la nécessité de penser l’urbain en «hors cadre», avec une trame textuelle et des catégories appropriées, et dans le jeu des prépositions «par» et «avec»… celles qui forment la socialité.

Partout, des lignes: cahiers, partitions, pavement, tout calepinage ou plancher de nos surfaces ordinaires, routes qu’on déroule comme mailles de nos vêtements, fils barbelés qui séparent à la frontière, passerelle qui unit, signes enlacés ou diagrammes de nos relations multivoques — lifelines de Laurence Sterne —, réseau social, prise, connexion ou emprise… Ô toi, mon amour!