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juillet 2011

À Istanbul les plantes sont très modestes, ubiquitaires, résistantes, invisibles. Parietaria Judaica, la Pariétaire de Judée, de la famille des urticacées, y est omniprésente. Dans le néant des villes se glissent les plantes sans nom…

Vous voilà à Çukurcuma comme vous pourriez être dans le Marais, comme dans un café du Canal Saint-Martin, comme à Gracia, comme ailleurs. Jolies tables et jeunes chaises, vieux fauteuils et tableaux neufs sur les murs du café beau.

«Le musée de l’Innocence», c’est d’abord le titre du roman de Orhan Pamuk. L’inscription sur l’immeuble de la rue Çukurcuma fait de celui-ci non seulement une «matérialisation de la fiction», mais aussi la réalisation de la synecdoque à l’œuvre dans le roman.

Kangourous, coyotes, renards, cerfs, ours, lapins, tigres, moutons… Neozoon tapisse stratégiquement les murs de nos villes et interroge notre rapport à l’animal. Interview de ces mystérieuses dames à la fourrure qui gardent encore leur anonymat.

Ou comment l’étymologie du nom du Bosphore (« le passage de la vache »), s’expliquerait par le passage de IO, métamorphosée par Zeus en vache pour échapper à la jalousie de Hera, qui la fait néanmoins poursuivre par un taon jusqu’aux confins du monde connu.

Nous sommes plus de cent. Plus de cent ventilés et sécurisés dans le bus. Dans le bus qui accordéonne d’une respiration technique sur l’Istanbul Çevre Yolu.

Au nord de la partie occidentale d’Istanbul, la commune de Cumhuriyet est une ville accrochée à un promontoire de verdure dominant le Bosphore. À la sortie de la station de métro, le plus remarquable est cette forêt de Belgrad, avec ses chênes à perte de vue. Sûr que les investisseurs immobiliers vont jouer sur les promesses de rente foncière que le développement urbain annonce, mais à quel prix pour les populations encore rurales qui vivent ici ?

Symbole de la mobilisation populaire contre des projets urbains discutables, Sulukule était l’âme Rom d’Istanbul. Des chercheurs et des explorateurs urbains ont rendu compte du processus de démolition de ce quartier. La documentation de l’histoire de Sulukule reste vivante, alors que tout est à présent rasé.

Pont levant qui franchit la Corne d’Or, Galata Köprüsü est un ouvrage symphonique. Il possède trois sections et au moins trois mesures. Vibrations du trafic sur son tablier qui roule d’un léger dos rond. À l’unisson ou à contre-pied vont tramways, taxis et camions, mais aussi piétons. Les pêcheurs, eux, ne bougeront pas. En bas les poissons frétillent.

Car dans la commune d’Istanbul chiens, chats et mouettes ont voix au chapitre du partage de la voirie. Et si l’un, ou dix, surprennent par leur conversation, nul ne pourra se prévaloir de son droit de cité. C’est ainsi.