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avril 2011

À Shanghai dans la concession française, un lilong n’a pas été détruit: cafés et restaurants maintiennent l’architecture discrète dans un souvenir renouvelé des années 30.

De nombreuses rencontres ont composé notre constellation urbaine durant cette année zéro. Des étincelles pas seulement numériques, mais tout de même à chaque fois venues de là.

Une new-yorkaise avec une valise à Venise, sur un pont monte, descend, tourne.

Aux non-lieux du paysage urbain répondent de terribles solitudes morales. Allez-vous inscrire un « Follow us » sur votre maison pour rompre cette solitude? Argonaute moderne ou Robinson sur son île de béton, le solitaire se noie plutôt, quand il le peut, dans l’activité industrieuse, seul point de raccrochement à une condition moyenne, supposée la meilleure pourvoyeuse du bien-être.

Avec l’habitant défini comme « usager » de la ville, se dessine une ville métaphorique par ses usages, qui se superpose à la première, bien matérielle, et la réfléchit par les pratiques de l’espace. Une compétence de l’espace appartient à l’habitant

Une masse sombre et frêle. Une âme sous un pont sort vers la lumière. C’est un homme. Sa main cherche le mur oblique, la verticale le fuit, le rattrape, de biais.

Les traditionnelles métaphores emboîtées de la ville qui la ramènent à un organisme ont l’avantage de dire l’entremise du lieu, sa dépense de liaison entre organes disparates, mais elles impliquent une téléonomie insupportable. Or, la ville est sans finalité. L’espace de la ville fournit des écarts à la norme, hybridations et bricolages du quotidien au bénéfice d’inventaire du poète ou du tératologiste.

Une enseigne à droite, Friendly Quick Stop. Tu peux t’y arrêter pour quelques nuggets au piment. Mais la rencontre avec le sud, c’est plus loin.

Il faudrait se pencher, localement, sur les héritages urbains «inconfortables», sur les opérateur de mémoire collective qui disent vraiment le lieu et rien que lui mais qui ne sont pas dicibles dans le langage stéréotypé du patrimoine. Oui, il faudrait ne surtout pas se concentrer sur la labellisation des territoires à laquelle participe l’UNESCO et désormais, Google.

C’était à la Toussaint de 1987. L’impression qui reste, qui enveloppe le tout, c’est le brouillard, la nuit qui tombe à cinq heures, et le bruit des hélicoptères de l’OTAN – Berlin-Ouest était encore pour deux ans enclave occidentale derrière le rideau de fer, même si les enfermés ne semblaient pas ceux que l’on aurait pu, au seul vu de la carte, croire.